Témoignage d’une chargée d’opération chez un bailleur social

Géraldine MONOT, chargée d’opération à la SIDR depuis mars 2021 nous éclaire sur son métier mais également sur ses attentes sur les mesures du PLOM qui doivent contribuer à améliorer son activité.

Connaissez-vous le plan logement outre-mer Réunion ? Avez-vous l’occasion de participer aux ateliers PLOM ?

Oui dans les grandes lignes. Je n’ai pas eu l’occasion de participer aux ateliers. Ce sont plutôt les responsables de service et de direction de la SIDR qui y ont contribué.

Les mesures auxquelles je suis attentive sont les suivantes :

  • la mesure sur l’adaptation de l’offre aux besoins ;
  • celle sur les procédures de garantie d’emprunt. Dans le déroulé d’une opération, les délais sont parfois un peu longs. Il y a un besoin de fluidité ;
  • la mesure concernant les modalités de financement des opérations de petite taille est intéressante ;
  • celle visant à favoriser le financement des petits logements. Nos programmes de logement locatif très social (LLTS) intègrent déjà 30 % de petits logements désormais. Avec le vieillissement de la population, il est intéressant aussi d’adapter les textes, notamment au niveau des varangues.

Y a-t-il des mesures attendues et qui devraient améliorer votre activité ?

La mesure sur la transparence et la maîtrise des coûts pratiqués, permettant de disposer d’un référentiel de prix ou de ratios est attendue.

Il y a un vrai travail à mener avec les services de l’État sur une meilleure articulation, en termes notamment de temporalité et d’exigence techniques à fournir, concernant la mobilisation de financement FRAFU (Fonds Régional d’Aménagement Foncier et Urbain) et LBU (ligne budgétaire unique) sur un même projet.

En quoi consiste le travail de chargé d’opération au quotidien ?

Il consiste à assurer le pilotage de la construction neuve ou de réhabilitation, pour ma part je travaille sur des opérations de constructions neuves. Il intervient de la conception jusqu’à l’achèvement de l’ouvrage, incluant la clôture financière et administrative de l’opération. Le chargé d’opérations est le garant du bon déroulement du projet. Il a un rôle de coordinateur des divers partenaires (collectivités, aménageurs, concessionnaires, État…) et de l’équipe projet (services internes, maîtrise d’œuvre et prestataires externes).

Le chargé d’opérations donne le rythme. Il veille au respect des délais, des coûts et de la qualité des prestations, en sécurisant les aspects juridiques et financiers.

Il assure la passation et le suivi des marchés des prestataires intellectuels et des travaux, le montage des dossiers des financements (subvention de l’État, l’ensemble des prêts et des garanties d’emprunt).

Quelles sont les difficultés rencontrées, notamment depuis la crise COVID ?

La difficulté est de trouver l’équilibre entre le coût de l’opération et les loyers de sortie.
La fragilité du tissu économique est un réel problème. Tous les chantiers font face à des défaillances d’entreprise. La partie n’est pas jouée même après les ordres de service. Ce n’est pas nouveau comme situation, mais cela s’est accentuée avec la crise, et complexifie la tenue des délais de chantier.

Quels sont les éléments essentiels de réussite d’un projet de logements sociaux à La Réunion ?

J’en ai relevé trois :

  • le projet doit répondre à un besoin bien identifié, en adéquation avec les besoins des futurs locataires et des niveaux loyers de sortie cohérents au regard de la capacité financière des familles ;
  • la qualité de la construction et l’habitabilité du logement sont à prendre en compte dès la conception pour une bonne appropriation du logement par le locataire ;
  • le plus important, il faut que le projet soit porté par l’ensemble des acteurs : collectivité, État, divers partenaires, et habitants du quartier.

Votre plus beau souvenir ou projet en tant que chargé d’opération ?

Lors des mises en service des opérations, de voir les locataires ravis d’avoir leur logement et qui viennent vous remercier. C’est l’aboutissement du travail de toute l’équipe projet qui s’est investie durant plusieurs années.

Qu’est-ce qui vous plaît dans votre métier ? Qu’est-ce qui le rend difficile ?

La pluridisciplinarité et la polyvalence : on fait de l’ingénierie financière, du juridique, de l’administratif, avec également un aspect technique. C’est un métier que l’on exerce tant en extérieur qu’au bureau.

Il y a un partage d’information entre bailleurs, et les chargés d’opérations à La Réunion. Les relations sont fluides et enrichissantes.

Ce qui rend le métier difficile, mais aussi intéressant à la fois, est la nécessité d’appropriation des évolutions réglementaires et financières. Il faut se tenir « à jour ».





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