Utilisation de la biomasse

11. Pourquoi importer de la biomasse depuis l’étranger et ne pas exploiter davantage les gisements de biomasse locale ?

L’ambition de la PPE est de substituer le charbon et le fioul lourd par de la biomasse, en donnant la priorité à la biomasse locale sans conflit d’usage, en complément de la bagasse de sucrerie. Cependant, les gisements de biomasses locales ne sont pas suffisants pour substituer la totalité du charbon dans les centrales, comme le démontre le schéma régional biomasse. Pour ces raisons, le plan d’approvisionnement en combustibles prévoit d’importer de la biomasse.

La mobilisation de biomasse locale permettra de contribuer à l’objectif d’autonomie énergétique : 34 % de la ressource exploitée par les centrales thermiques de Bois Rouge et du Gol pourrait être d’origine locale.

De plus, si l’industriel Albioma prévoit d’importer dans un premier temps des granulés depuis les États-Unis, il travaille également à la régionalisation de ses approvisionnements (objectif 1/3 issu de la zone Océan Indien), afin :

  • de réduire encore davantage les émissions de gaz à effet de serre dues au transport des granulés ;
  • de diversifier ses approvisionnements.

12. Pourquoi ne pas s’approvisionner en biomasse dans l’Océan Indien plutôt que de s’approvisionner aux États-Unis ?

Au-delà des sources d’approvisionnement par importation précisées dans la PPE (Sud-Est des États-Unis principalement), l’industriel étudie d’autres pistes d’approvisionnement des granulés de bois, avec un objectif d’un tiers en provenance du bassin Océan Indien :

  • Afrique australe (Afrique du Sud, Mozambique, Namibie) ;
  • Est de l’Océan Indien (Côte ouest de l’Australie, Malaisie, Vietnam).

S’agissant de l’Afrique Australe, l’industriel est actuellement en discussion commerciale avancée avec deux porteurs de projet de production de granulés de bois issu de forêts certifiées FSC ou PEFC. Des pistes sont également à l’étude au Mozambique (biomasse issue de plantations similaires aux plantations sud-africaines) et en Namibie (valorisation de bush invasif).

S’agissant du pourtour Est de l’Océan Indien, l’industriel est en discussion commerciale avancée avec plusieurs producteurs de granulés de bois déjà établis et disposant de certifications garantissant la durabilité de la biomasse au sens des directives européennes.

13. D’où proviendra la biomasse ?

En préalable, précisons que les importations de biomasse doivent respecter les critères de durabilité de la biomasse :

  1. réduction des émissions de gaz à effet de serre par rapport à la solution « fossile » ;
  2. préservation de la qualité des sols et de la biodiversité ;
  3. ne pas être produit dans des zones humides ou des tourbières ;
  4. pour le bois énergie :
    • maintien ou amélioration de la capacité de production à long terme de la forêt ;
    • régénération effective de la forêt dans les zones de récolte.

Pour la centrale bioliquide de Port Est : l’industriel étudie plusieurs scénarios, en cours d’évaluation, pour sécuriser l’approvisionnement. Pour respecter les critères cités ci-dessus, la zone d’approvisionnement privilégiée est l’Europe de l’Ouest.

Pour les centrales biomasse solide (Le Gol, Bois Rouge), l’industriel identifie, en cohérence avec le schéma régional biomasse, la possibilité de s’approvisionner à hauteur de 34 % à partir de biomasse locale. Afin de respecter les critères de durabilité cités ci-dessus, le complément serait importé sous forme de granulés de bois à partir du Sud-Est des États-Unis. L’industriel étudie également d’autres pistes d’approvisionnement des granulés de bois, avec un objectif d’un tiers en provenance du bassin Océan Indien.

14. Est-ce que la production de la biomasse importée contribue à la déforestation ?

Selon les données de l’US Forest Service, en charge des inventaires forestiers sur les zones d’approvisionnement identifiées pour la conversion des centrales charbon de La Réunion :

  • seulement 2 % de la surface forestière est récoltée par an ;
  • lorsque 1 ha est récolté, 50 hectares sont en croissance, soit des cycles de prélèvement de 50 ans ;
  • lorsqu’1 tonne est récoltée, croissance de 1,9 tonne à la même période.

En outre, les conditions suivantes seront respectées :

  • bois issu de résidus de scierie, de résidus d’exploitation de la forêt, de bois rond « dégradé » (non valorisable en bois d’œuvre) et de bois d’éclaircie ;
  • utilisation des ressources de plantations forestières (majoritaires dans le Sud-Est des États-Unis) et non de forêts anciennes à haut stock de carbone ;
  • limitation de la part du bois d’éclaircie à 50 % des ressources utilisées ;
  • existence d’un plan de gestion durable des ressources forestières.

Compte-tenu de ces éléments, l’importation de biomasse pour la mise en œuvre de la PPE ne contribuera pas à la déforestation.

15. Est-ce que la combustion de biomasse contribue aux émissions de gaz à effet de serre ?

La combustion de biomasse émet du CO₂ et la croissance de la biomasse absorbe du CO₂. On ne peut parler de neutralité carbone que lorsque la croissance de la biomasse est supérieure ou égale au prélèvement sur une période donnée.

Cette hypothèse de neutralité est en général vérifiée pour la biomasse de cycles agronomiques courts, utilisée pour la production de biomasse liquide (de type production de colza, tournesol, etc.) pour la centrale thermique de Port Est.

S’agissant du bois (cycles agronomiques longs), cette condition est bien vérifiée dans le cas des zones d’approvisionnement identifiées pour les granulés qui alimenteront les centrales à bois prévues dans la PPE. Ainsi, selon les données de l’US Forest Service, en charge des inventaires forestiers sur les zones d’approvisionnement : lorsqu’1 tonne est récoltée, croissance de 1,9 tonne à la même période : le carbone stocké dans les forêts situées dans le bassin Sud-est des États-Unis augmente année après année.
Le transport des granulés de bois depuis les États-Unis ne contribuent que très peu aux émissions de gaz à effet de serre par rapport à la situation actuelle (4 %).

Sous ces conditions, les projets de combustion de biomasse inscrits à la PPE permettent une forte réduction des émissions nettes de gaz à effet serre par rapport à la situation actuelle :

  • 84 % pour la biomasse solide ;
  •  65 % pour la biomasse liquide.

16. Pourquoi ne pas développer davantage la canne-énergie pour éviter l’importation de biomasse ?

La PPE s’appuie sur les résultats de la dernière étude sur la canne-énergie : il s’agit d’une étude macroéconomique sur cette filière, respectant le principe de hiérarchie des usages de la biomasse (alimentation > amendement des sols > matériaux > énergie), menée dans le cadre du comité de transformation agricole des outre-mer en 2020-2021. L’étude conclue sur deux scénarios à approfondir :

  1. renforcement de la production énergétique dans la filière sucrière actuelle (canne-sucre-rhum-énergie) par une augmentation du taux de fibres dans les cannes et du rendement de biomasse ;
  2. création d’une filière dédiée canne énergie pour alimenter une nouvelle centrale thermique de 4 MWe pour de la production électrique. La surface de culture de canne dédiée serait d’environ 600 ha, permettant la coexistence entre la filière sucrière et cette nouvelle filière énergie. Cette surface serait issue de conversion de surfaces actuellement cultivées en canne à sucre, par des exploitants agricoles souhaitant diversifier leur production.

Ces scénarios augmenteraient respectivement de 53 % et 33 % l’électricité produite à partir de la canne, par rapport à la situation actuelle, soit une production supplémentaire d’électricité de +2% à +4% seulement. Ceci ne permettrait pas d’éviter l’importation de biomasse.

17. Comment sont pris en compte les petits projets locaux de production électrique à partir de la biomasse par la PPE ?

Quatorze « petits » (entre 30 kWe et 1,7 MWe) projets de valorisation énergétique (électricité et/ou chaleur), à partir de la biomasse ont été identifiés dans le cadre de l’élaboration du schéma régional biomasse et sont suivis depuis. Ces projets utiliseront diverses technologies (combustion, gazéification, méthanisation agricole, territoriale ou industrielle) et divers types de biomasse (déchets végétaux, broyats de palettes, cryptomeria et acacia, boues de stations d’épuration, effluents d’élevage, déchets d’industries agro-alimentaires, vinasse, etc.)
Les données issues des porteurs de projets ont été utilisées pour fixer des objectifs de développement de la filière aux horizons 2023 et 2028, en fonction de la maturité des projets identifiés.

Les objectifs de développement englobent d’une part tous projets biogaz (méthanisation et gazéification) et d’autre part tous projets de combustion de biomasse : ainsi d’autres petits projets biomasse, non identifiés à ce jour, pourraient potentiellement émerger tout en restant compatibles avec la PPE.

Il reste important de préciser que les projets feront l’objet d’analyses technico-économiques en fonction des mécanismes de financement mobilisables.








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