Le PNA Busard de Maillard ou « Papangue »

Premier PNA en faveur du Busard de Maillard (2022-2031)

Appelé localement « Papangue », classé par l’UICN sur la Liste rouge des espèces menacées dans la catégorie « en danger », le Busard de Maillard (Circus maillardi) est l’un des busards les plus menacés au monde. Endémique de La Réunion, cet oiseau à faible effectif est le dernier rapace diurne nicheur sur l’île (le Faucon de Dubois - Falco duboisi- y est éteint depuis 1670).

Visant à assurer la conservation du « Papangue », un nouveau Plan national d’actions (PNA) lui est dédié. Cette première édition du PNA (2022-2031) a été rédigée par la Société d’Études Ornithologiques de la Réunion (SEOR) et accompagnée par un comité de rédaction, sous l’égide de la DEAL de La Réunion.

Les actions de ce PNA visent à mieux prendre en compte le Busard de Maillard dans les politiques publiques, à améliorer la gestion de ses habitats et à réduire les menaces qu’il subit. Celles-ci sont l’empoisonnement secondaire des oiseaux par les rodenticides (substances toxiques utilisées pour contrôler les populations de rongeurs), les collisions (réseau routier et ligne électrique), les impacts directs comprenant les actes de tir intentionnel, le dénichage, la captivité et le braconnage et enfin les cas de prédation sur les jeunes oiseaux.

Pour favoriser le maintien et le développement à long terme du Busard de Maillard, il est impératif d’assurer le suivi de la population, sa protection et la sensibilisation du public. Pour ce faire, le PNA prévoit près d’une vingtaine d’actions regroupées en huit objectifs.

Le « Papangue » Circus maillardi a fait l’objet d’un PDC (Plan De Conservation) validé en 2011.

Le PDC Papangue a fait l’objet d’une évaluation :

Les opérations réalisées

Mise en place d’un système de suivi télémétrique (Portage SEOR. Financement DEAL et EDF)

A partir de 2012, la SEOR a réalisé un suivi télémétrique pour une meilleure connaissance des territoires de Papangue. De 2011 à 2019, ce travail a permis le marquage de 79 individus avec un marquage alaire, dont 22 avec des balises GPS solaires. Il a permis de collecter plus de 12 000 données de géolocalisation. Ce suivi a été particulièrement important dans les zones de forte concentration de papangue, et en particulier dans le site pilote de La Caroline, dans les Hauts de Bras Panon.

Ce suivi permet de mieux connaître le domaine vital de l’espèce, et de mieux comprendre la sélection de l’habitat par le papangue.

Mise en place des suivis par la Brigade SOS Papangue (Portage SEOR)

En 2012, dans le cadre du LIFE CAPDOM est créée la « Brigade Papangue », une patrouille de surveillance constituée de bénévoles, mobilisés pour le suivi et le comptage des busards de Maillard dans certaines zones fortement dératisées.

L’objectif est de surveiller l’abondance de la population avant et après la mise en œuvre des campagnes de dératisation, annuellement et inter-annuellement, afin d’être en mesure de détecter une évolution dans les effectifs de façon concomitante aux différentes périodes de dératisation. En effet, un papangue peut s’empoisonner indirectement après avoir mangé un rat ayant ingéré du raticide. C’est ce que l’on appelle l’empoisonnement secondaire.

Projet EAMES (Etude Appliquée de Mesure du risque d’Empoisonnement Secondaire)

Sur l’île de la Réunion, les rodenticides anticoagulants sont largement utilisés pour lutter contre les rongeurs introduits, notamment les rats et les souris qui sont responsables de la transmission de la leptospirose à l’homme, ainsi que de dégâts aux cultures (canne à sucre principalement).

De 2015 à 2018, une étude scientifique a analysé le foie de 58 papangues retrouvés morts dans la Nature ou au centre de soin de la SEOR. Elle a permis de montrer que 93% des animaux retrouvés présentaient des résidus d’au moins un rodenticide anticoagulant. De plus, l’analyse du foie de ces papangues a révélé que 62% des spécimens présentaient des concentrations en raticide compatibles avec un empoisonnement létal.

Cette étude, publiée en mars 2019 dans « Biological conservation » a montré que ces produits phytopharmaceutiques représentent un risque élevé d’empoisonnement secondaire pour le busard de maillard Circus maillardi, prédateurs de rongeurs.

La conséquence de cet empoisonnement est parfois la mort des individus. Mais cet empoisonnement le long des chaînes trophiques pourrait également avoir une influence sur la reproduction et la fertilité des oiseaux (42% des œufs observés non éclos ont été retrouvés clairs, c’est-à-dire non-embryonnées).

Quelques films de sensibilisation

Pour ceux qui veulent aller plus loin

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