Historique : vers une réglementation locale en faveur des cétacés

Les baleines à bosses, espèces protégées, s’alimentent en Antarctique pendant l’été austral, et viennent passer une partie de l’hiver dans les eaux réunionnaises ; la plupart ne font que passer, mais un tiers d’entre elles y reste jusqu’à la fin de la saison soit pour mettre bas et élever leurs baleineaux, soit pour s’accoupler. Cette période correspond donc à un stade critique de leur vie, mères et baleineaux sont très vulnérables. Une gêne répétée peut compromettre le succès de leurs mises bas et donc la préservation de l’espèce, compte tenu de sa faible fécondité.

La présence de ces animaux sauvages exerce une attractivité forte auprès des nombreux usagers de la mer : plaisanciers, touristes, scientifiques… Depuis 2008, date à partir de laquelle la fréquentation de notre île par les baleines a beaucoup augmenté, une nouvelle opportunité de tourisme de nature et de culture s’est offerte aux habitants et visiteurs de l’île de La Réunion et une nouvelle activité touristique est née sur l’île, le « whale watching » (observation des baleines en français).

Afin de concilier sécurité des personnes et assurer la protection, le « bien-être » et la préservation des baleines, une charte d’approche et d’observation responsables des baleines à bosse à La Réunion a été élaborée par des professionnels du tourisme, des associations et les services de l’État en 2009. Cette charte a fortement contribué à améliorer les comportements sur le plan d’eau, en donnant un certain nombre de consignes et en sensibilisant le public au respect de cet animal sauvage.

En 2017, cette charte a été étendue aux dauphins, qui sont pour la plupart sédentaires et effectuent donc la totalité de leur cycle de vie dans les eaux réunionnaises (alimentation, reproduction…). Elle s’étend aussi aux tortues marines, qui passent une partie de leur cycle de développement dans les eaux peu profondes de La Réunion, et sont victimes d’un nombre croissant de collisions avec les navires.

Cependant, des dysfonctionnements ont persisté, notamment lors des périodes (début et fin de saison) et des années où les baleines sont peu nombreuses (par exemple en 2015, 2016). La pression sur les rares individus présents peut alors s’avérer très importante.

Cette pression s’est également reportée sur les dauphins, et principalement sur deux espèces observées régulièrement tout au long de l’année à La Réunion : les dauphins long-bec et les grands dauphins de l’Indo-Pacifique. Ces derniers notamment, sont extrêmement sensibles aux activités humaines, car leur habitat est très proche des côtes : ils vivent exclusivement dans des eaux de faible profondeur (moins de 80 m). Du fait des caractéristiques géologiques de La Réunion, cela représente un territoire réduit autour de notre île. La population de cette espèce, aujourd’hui estimée à moins de 80 individus, est très fragile et nous devons collectivement veiller à sa protection.


La charte pour une approche et une observation responsables, après près de 10 années de développement, a montré ses limites : cet outil, basé sur la bonne volonté des acteurs du plan d’eau, n’a pas résisté à l’augmentation exponentielle de l’activité, notamment après les deux saisons exceptionnelles de présence de baleines à bosse qu’ont été 2017 et 2018 (près de 300 individus par saison, ce qui est un record !).

En 2019, après 10 années de travail incitatif, les services de l’État ont donc décidé d’encadrer formellement les activités d’approche et d’observation de cétacés et d’inscrire dans un arrêté préfectoral des dispositions obligatoires nécessaires pour assurer une meilleure protection des cétacés et la sécurité des usagers du plan d’eau. Des contrôles et sanctions sont prévus.


La charte pour une approche et une observation responsable demeure un outil de sensibilisation important, notamment en faveur des tortues marines. Ainsi, la vitesse des navires doit être adaptée lorsque l’on navigue dans la zone côtière. La poursuite ou l’encerclement des tortues marines, notamment dans le lagon, sont interdits, car susceptibles de constituer une perturbation intentionnelle d’espèce protégée.

Téléchargez la charte :

Pour les cétacés : une réglementation locale s’inscrivant dans un cadre national

Partager la page

S'abonner